Les batailles d’Artois

 Lors d’une visite ou d’un trajet en voiture entre Loos-en-Gohelle, Souchez et Neuville Saint-Vaast, difficile de manquer les nombreux mémoriaux ou cimetières britanniques qui rappellent la présence de la Grande Guerre dans la région. Mais peut-on vraiment imaginer l’ampleur des combats qui s’y sont déroulés et l’étendue des destructions ? 

Mieux comprendre la Première Guerre mondiale sur les collines et plaines d'Artois

Cette petite leçon d’histoire aide à comprendre pourquoi les batailles d’Artois, moins connues que Verdun et la Marne, ont transformé le territoire et les soldats qui y ont participé et comment elles ont marqué le cours de l’histoire.

Les offensives d’Artois : des combats impressionnants

Dès le début de la guerre, la colline de Notre Dame de Lorette et la crête de Vimy deviennent des objectifs stratégiques pour les Français et les Allemands. Ces deux points hauts dominent le bassin minier de Lens et permettent de contrôler l’ennemi à plusieurs kilomètres. Occupées par les Allemands dès octobre 1914, les collines d’Artois vont être au cœur de trois batailles visant à reprendre le contrôle du secteur. 

Ces offensives françaises sont organisées suite à la stabilisation du front: après une tentative infructueuse en décembre 1914, les Français parviennent à reprendre la colline de Lorette et une partie du secteur de Neuville Saint-Vaast en mai-juin 1915, avant d’attaquer de nouveau à Loos et à Souchez en septembre 1915. 

Largement oubliées aujourd’hui, les batailles d’Artois ont pourtant mobilisé des ressources impressionnantes: en 10 mois de combat, des millions d’obus sont tirés, plusieurs centaines de milliers d’hommes partent à l’assaut des collines de Lorette, Vimy et des villages alentours. Mais ce sont surtout les pertes humaines qui marquent les esprits: la reconquête des villages de Souchez et Givenchy du 25 au 30 septembre 1915 se fait au prix de 35 000 hommes, tués ou blessés et commémorés aujourd’hui sur l’Anneau de la Mémoire. La colline de Lorette est rapidement surnommée la colline aux 100 000 morts.

L’expérience des soldats : de terribles conditions de combat

De l’Hiver à Souchez de J. Galtier-Boissière, au récit de l’attaque du 9 mai 1915 par B. Cendrars et H. Barbusse, de nombreux écrivains combattants évoquent leur passage en Artois pendant la guerre. Au-delà de la camaraderie, les auteurs insistent surtout sur les terribles conditions de combat : des tranchées pleines de boue, des bombardements incessants et des combats acharnés pour quelques mètres de terrain. 

Un champ de bataille international

Les collines d’Artois ont accueilli des soldats du monde entier, venus de France, d’Angleterre et des colonies. Les attaques menées sur la crête de Vimy par la Division Marocaine en 1915 puis par le Corps Canadien en 1917 témoignent du caractère international du conflit. Les sites de la CWGC, les mémoriaux canadiens, tchèques et l’Anneau de la Mémoire rappellent aujourd’hui l’investissement de ces hommes.

Pour la première fois, des images de la guerre

Bien avant Verdun, les offensives d’Artois ont contribué à construire l’imaginaire de la guerre de tranchées. S’il était trop dangereux de photographier les combats, les images des villages détruits de Carency, Ablain St-Nazaire ou des tranchées du Labyrinthe ont été largement diffusées dans la presse dès 1915. Ces photographies ont permis aux familles restées à l’arrière de mieux appréhender la guerre. Les images saisies dans la région témoignent aussi de l’étendue des destructions dues aux bombardements, qui ont touché indistinctement les habitations, les usines et les monuments historiques.